27 octobre 2022
ONCEIM + Jacques Perconte
Paris

Nouvelle création : Tant que la montagne

Le Consulat, Paris XI (France)

14 Avenue Parmentier

75011 Paris

Métro : Voltaire


Depuis une dizaine d’années mon attention se tourne de plus en plus vers les Alpes. Si j’y suis né, mes parents ont vite déménagé vers l’océan à l’Ouest et je n’ai que quelques vagues souvenirs des pentes rocheuses de la neige et des fleurs.

La vie m’a ramené vers ces montagnes et je ne cesse de les croiser, de les survoler, d’y marcher, tout le temps la caméra au poing. Entre les tournages annuels que j’organise à la Meije dans les écrins ou dans le massif du Mont Blanc s’ajoutent de nombreuses rencontres impromptues. Il se construit au fil des années un immense corpus d’images et petit à petit, j’apprends à filmer la montagne, ces montagnes.

Si j’aime la montagne pour l’immensité de son écho romantique, c’est peut-être malheureusement l’endroit où je remarque le plus le reflet de l’effondrement de notre société. Notre civilisation ne survivra pas telle qu’elle est au massacre qu’elle perpétue sur le vivant, à l’instabilité qu’elle impose aux systèmes. Les montagnes s’effondrent, l’absurdité du tourisme de masse intensifie la fragilité de ces milieux. En perdant leur permafrost, les hauts sommets menacent de s’effondrer. Les glaciers, en fondant, nourrissent le déchainement des torrents qui ravinent les vallées. Tant que la montagne tient telle qu’elle est, nous pouvons encore la fréquenter, mais le jour où la limite de la stabilité sera franchie, elle deviendra si dangereuse que nous ne pourrons plus aller y rêver.

Cette aventure audiovisuelle raconte cette histoire de l’effondrement des falaises, de la chute vertigineuse des hommes dans leur vision technique du monde. La flagrante beauté ne sera plus accessible et nous n’aurons plus que les images pour nous en souvenir.

Prise dans une structure verticale, de toute sa hauteur, l’image fait vivre la catastrophe. Elle glisse poétiquement des pâturages verdoyants, aux chutes des roches. Les forces en présence sont indescriptibles et rien ne leur résiste. Chaque instant rappelle que ces immenses masses rocheuses en équilibre ne cessent de s’éroder. Poussées par les forces telluriques, elles sont soufflées par les vents qui au fil des millénaires sculptent leur profil. Cette pièce est un déferlement, une tempête de pierres. Les vagues ici sont si grandes et si solides qu’on ne peut les voir bouger que quand elles cassent.

Tant que la montagne, tant que le vent, tant que les hommes, mais en aucun cas, sans changer, on ne peut dire qu’il est encore temps.
—  Jacques Perconte


Depuis 2019, l’Onceim et Jacques Perconte ont entamé une collaboration artistique autour de la performance à travers un travail plastique de la musique et de lʼimage.

Développée au fil des rencontres et des projets, leur collaboration, envisagée comme un prolongement du travail de lʼOnceim sur lʼécriture collective instantanée, abonde le flux du temps réel, cette exception contemporaine qui fait que tout ce qui advient nʼest déjà plus, et nous pousse paradoxalement à contempler ce phénomène étrange d’un présent peut-être déjà révolu.

Dans cette nouvelle aventure audiovisuelle construite autour d’une part d’images inédites, ils joignent leurs savoir-faire individuels à un objet artistique commun pour raconter les Alpes, brouillant notre rapport d’échelle habituel dans l’espace et le temps.

Un spectacle pluridisciplinaire, immersif et poétique où le regard du public observe la montagne entre grandeur et disparition, entre permanence et effondrement.


Voir en ligne : Le Consulat