2 septembre 2024
Parution de l’article "Le geste artistique improvisé" dans la revue neutre

L’article "Le geste artistique improvisé" est paru dans le deuxième numéro de la revue neutre. Il est consultable à cette adresse : https://revueneutre.net/le-geste-artistique-improvise/


Édito :


Ah, le neutre ! Ce terme inconfortable ! Voici la musique, d’abord, qui résonne de façon si particulière quand elle renonce à la mélodie. Le geste artistique improvisé laisse advenir du neutre, permettant notamment de se tenir « à la merci d’une nuance ». Faisant suite à un article paru dans le numéro 1, le Es, cette fois conjugué à l’expression Neue Sachlichkeit, si difficile à traduire, émerge du contexte de l’expérience historique de la Grande Guerre. Il mettra en avant un autre terme de Freud, das Unerkannte, l’inconnu, décisif dans l’approche du neutre. De Freud encore, on découvrira une analyse inédite de ses chantiers manuscrits sur le Es, de leur constante évolution et de leur équivalence, ce qui rend bien difficile de s’en tenir à la version définitive des Gesammelte Werke. Une lecture critique du dernier ouvrage de Guy Le Gaufey sur La règle de trois foucaldienne souligne la portée du style de Foucault. Tout en émettant des réserves sur la persistance de cette règle, le propos se déplace vers ce point central chez Foucault de l’incommensurabilité des mots et des choses. Et puis un questionnement s’ouvre à partir de « ce qu’on dit mère » à la lumière de la seconde analytique du sexe : Quelle serait la nécessité pour la femme d’être logée au lieu de l’Autre ? Quand tel est le cas, que produit la localisation de la/une femme en ce lieu de l´Autre ?


L’essai d’une première « cartographie du neutre », ici et maintenant, suppose l’arpentage d’une terre inconnue, pas d’un concept. On y repère des incidences de neutre dans la littérature, la linguistique, la philosophie et la psychanalyse. On aperçoit sa présence variable selon les langues, sa relation avec le sujet et l’auteur moderne, jusqu’à la question du sexe et du genre.


S’est-on suffisamment penché sur la lecture ? s’interroge-t-on ensuite. Cet exercice qui, conjoint à l’écriture, devient une « lecture-écriture ». On entre dans une nouvelle expérience d’une densité particulière. Foucault y participe, expérience que Lacan et Barthes ont aussi proposée. Ces exercices de lecture-écriture peuvent mener à un « devenir autre que ce qu’on est, autre que soi-même ».


Vieille rengaine de la tradition analytique, voici le silence revisité par Roland Barthes dans son cours sur Le Neutre, puis par Jacques Lacan, surtout lors de sa rencontre avec le tableau d’Edvard Munch, Le Cri, enfin par Jean Allouch qui préconise in fine le silence que l’analyste pratiquerait vis-à-vis de lui-même. Son « ne pas penser » laisserait à l’analysant la liberté de découvrir par lui-même l’inexistence de l’Autre.


Une nouvelle rubrique, À propos, vient s’inscrire dans ce numéro. Il s’agit de situer l’expérience mystique de Marie de la Trinité dans le contexte théologique et historique de son époque, comment son expérience de la grâce et ses vicissitudes la firent évoluer entre obéissance et insoumission, et comment son analyse avec Lacan la fit sortir de ce carcan. Dans son récit de la première grâce, on reconnaîtra bien des points propres au neutre.


Enfin, dans la rubrique Varia, est problématisée la référence constante à l’animal chez Lacan. Si pour Lacan, l’humain s’est constitué par sa proximité avec l’animal, la notion d’effaçons ou d’effacements devient fondamentale.


Dans la rubrique Documents, est proposée une analyse détaillée des interventions de Lacan lors des secousses de mai 1968, la manière dont il peaufina alors ses quatre discours, attentif à ce mouvement.


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