ONCEIM (Orchestre de Nouvelles Créations, Expérimentations et Improvisations Musicales), dir. Frédéric. Blondy.

Chef-d’œuvre mariant son minimalisme incomparable à une maîtrise instrumentale d’une élégance presque classique, Occam Ocean a marqué une nouvelle étape dans le passionnant parcours d’Eliane Radigue. Une œuvre dont on ne sort pas indemne.

La musique d’Eliane Radigue n’en finit pas d’émerveiller, et la consécration tardive de cette jeune compositrice sans partitions de 88 ans - dont le culte fervent se limita pendant longtemps aux amateurs de musiques électroniques et expérimentales - fait plus que chaud au cœur. De Nice à Paris en passant par New York et le Tibet, du synthétiseur APR 2500, sur lequel elle composa toutes les œuvres de sa « première période », aux instrumentistes pour qui, depuis 2001, elle conçoit sur mesure des pièces exaltant par d’autres biais les sortilèges du sonore, le cheminement d’Eliane Radigue, modeste et intransigeant, force l’admiration. En 2015, avec Occam Ocean, elle osait, à la demande de l’ONCEIM et de Frédéric Blondy, élargir son cycle Occam à un orchestre tout entier : le résultat est d’une beauté foudroyante. Contre toute attente, il fait songer à Ravel, compositeur cher à son cœur, par cet art raffiné d’organiser les timbres et les masses sonores, de disposer du mystère. Avec son mouvement incessant et pourtant imperceptible comme celui des vagues, ses profondeurs abyssales mais jamais inhospitalières, Occam Ocean est un moment de musique dont on ne sort pas indemne.

En guise de digestif, l’ONCEIM proposera Laminaire, une pièce collectivement improvisée dont le titre polysémique est à l’image de la « comprovisation », cette pratique, au confluent de la composition et de l’improvisation, dans laquelle est passé maître cet orchestre au fonctionnement singulier.